Japan Expo : Mitsuhiro Arita, dédicaces et conférences
Bonjour à tous !
Début juillet a eu lieu la 20ème Japan Expo au Parc des Expositions de Paris. Nous allons débuter notre retour sur cette convention en vous parlant de Mitsuhiro Arita qui était présent pendant ces jours de convention.
Invité par Wacom
Chaque année, Wacom, la célèbre marque de tablette graphique que de nombreux illustrateurs utilisent au quotidien, était de nouveau présente. Sur leur stand il était possible de tester les plus belles et plus grandes tablettes graphiques, celles que beaucoup d’entre nous rêvent de posséder.
Chaque année, il invite aussi de grands illustrateurs pour réaliser des conférences, live-drawing, dédicaces… Cette année, nous avons eu le plaisir de pouvoir y voir Mitsuhiro Arita ! Nous remercions Wacom d’avoir invité ce célèbre illustrateur japonais.
Qui est Mitsuhiro Arita ?
Mitsuhiro Arita est un illustrateur free-lance qui a réalisé de nombreuses illustrations pour les cartes à jouer Pokémon depuis 1996. Il a aussi travaillé pour le célèbre jeu de cartes à collectionner Yu-Gi-Oh!, ou le jeu vidéo Final Fantasy XI, tout en ayant publié des articles et des travaux dans plusieurs revues.
A ce jour, c’est l’un des deux seuls artistes qui continue à produire des illustrations depuis 1996. Le second illustrateur n’est autre que Ken Sugimori. Il totalise plus de 500 cartes !
Le style d’Arita a beaucoup évolué au fil des années. Ses premières illustrations étaient un mélange d’aquarelle ou de pastel, avec des contours marqués. Avec le temps, il a développé un style plus fluide avec des couleurs vives, des ombres et de la lumière, de manière à créer des images dynamiques et réalistes. Il utilise aussi divers points de vue : plongée, contre-plongée. Tout cela lui permet d’accentuer l’effet de réalisme dans ses illustrations.
Conférence
Le dimanche 7 juillet, Mitushiro Arita a réalisé une conférence pour nous parler de son histoire et son travail.
Toute la conférence a eu lieu en anglais, malheureusement pour beaucoup de personnes présentes elle fut donc difficile à comprendre !
Grâce à Florent (Eclair2Lames), nous pouvons vous proposer un compte-rendu de cette conférence. Nous le remercions pour son aide précieuse.
Mistuhiro Arita est né au Japon, à Fukuoka, en 1971. Lorsqu’il était petit, il rêvait de devenir astronaute mais renonça à cette idée car il se pensait trop ordinaire pour cela. Il dessinait aussi déjà beaucoup et montrait un réel talent, mais là encore devenir professionnel lui semblait inatteignable. Comme il s’intéressait aussi aux ordinateurs, un marché encore tout juste balbutiant à l’époque, il décidera plutôt d’étudier l’ingénierie électronique. Lorsque fut venu le temps de choisir une carrière, celle de Arita-san semblait toute tracée : son père était à la tête d’une petite entreprise et lui avait déjà proposé de venir travailler avec lui, après quoi il pourrait reprendre la direction de l’entreprise. Mais le choix n’était pas si simple pour Arita-san : d’un côté il voulait aider son père, mais de l’autre côté, travailler en entreprise lui faisait peur : il ne se sentait pas capable de s’épanouir dans une structure si figée et structurée. Il prit alors la décision de voler de ses propres ailes et de tenter de vivre de sa première passion : le dessin. Il se jura alors de ne pas accepter un seul travail qui ne serait pas en lien avec le dessin. Il s’entraîna alors beaucoup, apprenant notamment à réaliser des illustrations 3D, une technique alors encore très rare. Ses efforts porteront leurs fruits, puisqu’en 1996 on lui proposera d’illustrer un jeu de cartes représentant d’étranges créatures appelées « Pokémon »… C’est ainsi que Arita-san décrocha son tout premier contrat, alors même que les jeux vidéo Pokémon n’étaient pas encore sortis et que la société The Pokémon Company n’existait pas encore. Par la suite, Arita-san cherchera d’autres contrats, essentiels pour lui en tant qu’artiste indépendant. Il travaillera alors pour plusieurs magazines, lui permettant de se perfectionner en dessinant de nouvelles choses, comme des bâtiments et des personnages médiévaux. Son affinité avec l’illustration 3D lui permettra également d’être recontacté par Creatures Inc., la société derrière le TCG Pokémon. Le TCG Pokémon voulait alors s’essayer aux illustrations 3D et on demanda donc à Arita-san de dessiner un Deoxys. Ce fut un succès et on lui proposera même de réaliser les illustrations pour les boosters en dehors du Japon. Par la suite, Arita-san parviendra à décrocher de nombreux contrats en plus de ses collaborations récurrentes avec Creatures Inc. pour le TCG Pokémon : Berserk, Final Fantasy, Cudcept…
Son succès est dû à son travail acharné, mais aussi à sa volonté de toujours progresser. Il y a quelques années, Arita-san a traversé une période difficile, pendant laquelle il n’était plus satisfait par ses créations, qui lui semblaient manquer de quelque chose : elles étaient trop plates, sans vie. Il se souvint alors que lorsqu’il était encore enfant, il aimait dessiner en regardant son père sculpter l’argile. Il décida donc de reproduire ce schéma et se mit à dessiner à partir de figurines ou autres objets en 3D. Cette technique lui permit de surmonter son blocage et encore maintenant il s’efforce de dessiner ce qu’il voit et touche. Ses progrès n’échappèrent une fois de plus pas à Creatures Inc., qui furent alors de lui le porte-drapeau des Escouades, la nouvelle mécanique du TCG Pokémon. Ce projet permettra à Arita-san de se surpasser, en combinant ses talents pour le dessin 2D et 3D. Il ira même jusqu’à réaliser un spot promotionnel pour Duo de Choc, mettant en scène Pikachu et Zekrom ! Il nous révèle alors qu’à ce jour, travailler sur les Escouades Pokémon reste le projet le plus dur de sa carrière, notamment à cause des différences de taille et de puissance des Pokémon qu’il doit illustrer ensemble.
L’incroyable talent d’Arita-san n’est cependant pas inné : il s’entraîne tous les jours. il n’hésitera pas à nous montrer pendant la conférence qu’il a toujours sur lui plusieurs calepins et des crayons, afin de dessiner tout ce qui l’entoure. Il révèle également qu’il a une fille, avec laquelle il aimerait pouvoir passer plus de temps ! Cette conférence nous aura permis de mieux comprendre Arita-san : à travers des propos très authentiques, il nous a montré un côté très humain, très modeste et a prouvé une fois de plus que les efforts paient.
Questions – réponses
Suite à la conférence pendant laquelle Mitsuhiro Arita nous a raconté son parcours, une séance de questions réponses a eu lieu. Voici quelques-unes des questions qui lui ont été posées.
Avez-vous stressé lorsque vous avez dû créer votre première carte Escouade ? (carte qui intègre deux Pokémon attaquant sur la même illustration)
Il y a toujours un peu de pression et de stress lorsque l’on doit créer un nouveau type de carte. L’Escouade de Pikachu et Zekrom était le visage de ces nouvelles cartes, il était donc important qu’elle soit réussie. Mais j’ai réussi à mettre la pression de côté pour travailler dans de bonnes conditions et avoir un bon état d’esprit pour travailler. J’arrive assez bien à gérer tout cela au quotidien.
Est ce que d’autres artistes Pokémon vont vers vous pour vous demander des conseils pour réaliser leurs illustrations ?
C’est arrivé une ou deux fois.
Cela fait maintenant plus de 20 ans que vous créez des illustrations pour les cartes Pokémon, pensez-vous continuer encore de nombreuses années ? De plus, prenez-vous toujours autant de plaisir ou plus de plaisir qu’à vos débuts lorsque vous créez ces illustrations ?
Je prend toujours autant de plaisir à réaliser des illustrations pour les cartes Pokémon. Ça ne m’est jamais venu à l’esprit d’arrêter d’en faire. Je continuerai aussi longtemps que je le pourrai.
Est ce que vous jouez aux jeux Pokémon ou vous faites seulement les illustrations ?
Je n’ai pas le temps de regarder la télé ou jouer à des jeux.
Il y a une certaines difficulté à reproduire une existence, de la matière, ou du volume, chose que vous réussissez à faire dans vos illustrations. Donc qu’est-ce que vous faites ou qu’est-ce que vous utilisez comme technique pour avoir du volume dans le dessin et le rendre vivant ?
J’ai été entraîné à pouvoir dessiner tout de suite quelque chose que je vois. Au début, je me suis tellement entraîné à reproduire des photos des choses que je voyais, que le problème c’est que mes dessins sont restés relativement plats et qu’il n’y avait pas beaucoup de volume.
Le volume est donc venu plus tard en faisant de la pâte à modeler. Après, j’ai beaucoup travaillé avec la pâte à modeler. Et en mettant réellement la main à la pâte, j’ai pu donner plus de volume à mes dessins car je me suis rendu compte que j’avais plus d’expérience avec le volume.
Avant, je regardais beaucoup d’images, de photos mais maintenant je travaille avec les objets que j’ai directement sous les yeux, je regarde les objets et les reproduis. C’est donc une autre façon de travailler.
Tous les jours, j’ai mes carnets dans ma poche et une trousse avec du matériel pour dessiner et peindre. Je reproduis ce que je vois partout autour de moi. Ce qui me permet de travailler les volumes et d’améliorer mes compétences. Je dessine tous les jours. Je poste mon travail sur ces réseaux sociaux si vous voulez voir ce que je réalise.
Parmi toutes les cartes que vous avez réalisées, est-ce qu’il y a une ou des cartes qui vous ont posé plus de problèmes que d’autres ? Comment avez-vous réussi à résoudre ces problèmes ?
Ce qui m’a posé le plus de problèmes ce sont vraiment les cartes Escouades. Elles sont vraiment compliquées à réaliser. A part les grands fans, les gens ne savaient pas ce qu’est une Escouade. Donc faire de la communication et faire en sorte que les gens sachent ce que c’est, fut un message difficile à véhiculer au travers d’une illustration.
Côté difficulté, il y a eu le fait que Zekrom est beaucoup trop puissant par rapport à Pikachu qui est petit. Mais en même temps, comment fait-on pour que Pikachu puisse exister aussi et comment peut-on faire pour qu’il soit presque aussi puissant que Zekrom ? Comment fait-on pour montrer cela dans un dessin ? La difficulté a été là.
Quels éléments aimez-vous particulièrement dessiner ou observer ? Y a-t-il des styles d’artiste que vous aimez incorporer dans vos dessins ?
Il n’y a pas particulièrement d’éléments que je préfère dessiner.
Je n’aime pas non plus trop avoir d’artiste de référence puisque je préfère avoir de la liberté. Si on essaie de copier d’autres artistes on atteint vite des limites, c’est pour cela que je préfère avoir son style.
L’autre raison pour laquelle je n’ai pas particulièrement de chose que j’aime bien dessiner, c’est que si quelqu’un me fait des demandes, mon intérêt est de trouver moi-même comment dessiner les personnages et d’avoir ma propre imagination. C’est comme ça que je trouve du plaisir sinon je suis limité et puis je n’arrive pas à trouver de plaisir en dessinant.
Dédicaces
Pendant ces quatre jours de Japan Expo, Mitsuhiro Arita était présent pour réaliser des dessins sur commande (sauf des Pokémon) et des dédicaces. Une bonne occasion pour les fans d’approcher de prêt cet artiste bien connu de tous. Beaucoup sont venus avec leur collection complète de cartes réalisées par Arita-san et en ont profité pour en faire dédicacer un maximum. Il a même accepté, ou proposé de lui-même, de faire quelques photos pour notre plus grand plaisir !
Conclusion
La présence de Mitsuhiro Arita en France était vraiment un beau cadeau et ce fut avec beaucoup de plaisir que les fans l’ont rencontré et écouté lors de ces conférences. Nous remercions Wacom de lui avoir permis de venir en France en l’invitant sur leur stand. Nous espérons qu’il reviendra de nouveau mais aussi que nous aurons l’occasion de pouvoir rencontrer d’autres illustrateurs de cartes Pokémon.
1 réponse
[…] Cette année, pour notre plus grand plaisir, Mitsuhiro Arita était présent. Il avait son propre stand pour prendre des commissions et faire des dédicaces. Mais il a aussi réalisé des conférences et une masterclass. Nous lui avons dédié un article que nous vous invitons à découvrir en suivant ce lien : Japan Expo : Mitsuhiro Arita, dédicaces et conférences […]